XXXVII. Gorge profonde

«... un peu de savon dans le creux de ses mains. »
«… un peu de savon dans le creux de ses mains. »

Nathalie accepte la bouteille. Elle aus­si se lève et met un peu de savon dans le creux de ses mains.

« Rassieds-toi donc ! »

Elle fait mouss­er le liq­uide visqueux et en enduit d’abord les épaules, ensuite le cou de Ste­fan, puis la par­tie supérieure de son dos, son ven­tre. Excitée par la peau mouil­lée et bril­lante sur laque­lle glis­sent ses mains, elle est tirail­lée entre l’en­vie de l’ex­plor­er jusqu’au dernier recoin, de faire par­venir ses mains jusqu’au moin­dre ori­fice et la hâte qu’elle a de sor­tir de la baig­noire pour pou­voir con­tin­uer leurs jeux ailleurs.

« Tu veux bien te couch­er, il faut faire par­tir la mousse. »

Ste­fan s’é­tend dans la baig­noire et se frotte la poitrine et le ven­tre pour rin­cer ses poils. Ensuite, il se redresse.

« Mets-toi debout, s’il te plaît ! »

Ste­fan s’exé­cute. Il saisit la poignée fixée au mur pour éviter de gliss­er et attend les coups de main de Nathalie qui se con­sacre à ses jambes. Elle s’age­nouille pour être à la bonne hau­teur. Elle com­mence tout en en bas, avec les pieds, et la pro­gres­sion de ses mains se dou­ble de celle de ses yeux qui exam­i­nent les endroits qu’elle est en train de savon­ner. Elle monte lente­ment vers les hanch­es, en pas­sant par les mol­lets avec leurs paque­ts de mus­cles, le ren­fle­ment osseux des genoux et les cuiss­es où Nathalie s’a­muse pen­dant un petit moment à trac­er des dessins : des poils noirs sur fond de mousse blanche. Elle s’a­muse comme une petite fille jusqu’à en pouss­er les glousse­ments. En arrivant au niveau du bassin, sur le point de deman­der à Ste­fan d’é­carter ses jambes pour lui laver les aines, son regard, légère­ment en retard par rap­port à ses mains, tombe sur le sexe à demi dressé dont ses doigts gar­dent un sou­venir très sensuel.

Indé­cise, bal­ançant pen­dant quelques instants entre le désir de céder à la ten­ta­tion et celui de recon­quérir la posi­tion dom­i­nante qu’elle avait acquise sur Ste­fan avant de mon­ter dans la baig­noire, elle décide de lâch­er prise et de céder à la ten­ta­tion. Légère­ment dressée sur ses genoux elle pose un pre­mier bais­er sur la peau qui se retire. Ses lèvres glis­sent le long de la verge, dont elle sent la chair gon­flée de sang vibr­er con­tre le bout de sa langue. Se reti­rant un peu, elle prend le mem­bre dans sa main gauche, et le dresse con­tre le ven­tre de Ste­fan. Les lèvres légère­ment ouvertes, Nathalie pose sa langue sur l’en­droit où le mus­cle sort de la peau ridée des bours­es, juste sur la ligne fon­cée qui court le long de la par­tie inférieure du pénis, qu’elle se met à suiv­re, lente­ment, vers le bout. Sur son pas­sage, elle recou­vre la peau d’une trace bril­lante de salive. Arrivées sur le gland, les lèvres s’é­car­tent pour l’ad­met­tre dans la bouche où Nathalie l’ac­cueille en suçant très légère­ment dessus. Elle explore le minus­cule ori­fice tout au bout, le tit­il­lant de quelques gros coups de langue pro­longés. Ensuite, elle passe sur la languette de peau qui relie le gland au prépuce, ce qui, à en juger par les frémisse­ments de Ste­fan, ne manque pas de pro­duire un cer­tain effet. Lente­ment, l’or­gane se dresse tout à fait et sort de dessous sa cou­ver­ture de peau muqueuse, poussé par la force du sang que les caress­es y appel­lent. Nathalie ferme ses bras der­rière son dos et tire Ste­fan douce­ment vers elle, le faisant entr­er plus pro­fondé­ment dans sa bouche. Celle-ci se rem­plit de chair mas­cu­line et Nathalie doit relâch­er l’étreinte de ses lèvres pour aider sa res­pi­ra­tion. La taille de l’érec­tion qu’elle vient de provo­quer aug­mente encore la volup­té de ses étreintes, et elle serre son amant encore plus fer­me­ment, choi­sis­sant une fois de plus de l’as­su­jet­tir à sa volon­té, déter­mi­nant ses avancées ain­si que ses reculs au seul gré de ses envies. Elle pétrit ses fess­es, et y enfonce ses ongles dont le pas­sage laisse la peau cou­verte de mar­ques rouges. À chaque coup, elle le pousse un peu plus loin vers sa gorge, et ses lèvres se rap­prochent de plus en plus du ven­tre poilu dont elle regarde la peau blanche se cou­vrir d’humidité.

Dans quelque recoin pri­mor­dial de son cerveau, nais­sent des envies anthro­pophages. Son appétit grandit à mesure qu’elle s’ingère le gros morceau de chair qui frotte ses dents et lui fait venir l’eau à la bouche. Ses fonc­tions diges­tives se met­tent en marche, sa bouche est inondée de salive, et l’en­vie de se nour­rir de cette viande-là devient irré­sistible. Avide­ment, elle tire sur les fess­es de Ste­fan pour avancer ne fût-ce que de quelques mil­limètres encore. Ses cheveux ébou­rif­fés col­lent à la peau du ven­tre dont les poils la cha­touil­lent à chaque coup. Nathalie est près de som­br­er dans un état pré-con­scient, quand le vol­ume du pénis, englouti aux deux tiers, obstrue le phar­ynx et déclenche le réflexe vom­i­tif. Con­sternée par la force des réac­tions de son corps, elle avale de tra­vers, et des con­trac­tions vio­lentes ser­rent sa gorge autour de l’ob­jet étranger, dans un effort dés­espéré de s’en débar­rass­er. Un tou­s­sote­ment qu’elle n’ar­rive pas à sup­primer fait finale­ment débor­der sa bouche, et la bave coule le long du men­ton, dégouli­nant sur ses seins et son ven­tre. Pen­dant quelques instants, elle est prise de panique de peur de suffoquer.

Elle se retire et se force à plus de calme. Sa res­pi­ra­tion, une fois le pas­sage libéré, revient rapi­de­ment à son rythme ordi­naire, mais elle attend encore avant de recom­mencer, ali­men­tant sa force par la sen­su­al­ité du gland resté entre ses lèvres. La ques­tion de renon­cer ne se pose même pas. Ste­fan aus­si ne bouge plus, atten­dant qu’elle reprenne ou qu’elle se retire défini­tive­ment. Nathalie se rap­proche, plus douce­ment cette fois-ci, guet­tant la nausée. Un pre­mier haut-le-cœur dans cette par­tie de gorge pro­fonde à peine entamée arrête pro­vi­soire­ment son pro­grès, et elle se con­cen­tre pour respir­er, con­sciem­ment, par le nez. Elle prend le temps pour s’y habituer, essaie d’avaler ensuite. Il y a tou­jours une cer­taine résis­tance de son corps con­tre cet objet étranger intro­duit dans sa voie res­pi­ra­toire, mais beau­coup plus faible, plus facile à manier. Elle avance très lente­ment, s’ar­rê­tant sou­vent et don­nant ain­si le temps à son gosier de se dilater pour céder le pas­sage au mem­bre char­nu, qui résiste obstiné­ment aux efforts des mus­cles de l’ex­pulser. La néces­sité de respir­er oblige Nathalie à reculer, provo­quant une hypoten­sion tout au bout de son phar­ynx ce qui fait coller les mus­cles con­tre le pénis. Elle doit com­bat­tre un début de panique ani­male, mais, en forçant un peu, elle réus­sit à entamer le mou­ve­ment en arrière. Finale­ment, les mus­cles cèdent et les lèvres glis­sent à nou­veau le long de la verge plan­tée au milieu de son vis­age. Nathalie, fière de sa capac­ité de manier son corps, ferme les yeux pour mieux prof­iter du pas­sage de la chair humaine. Ses lèvres s’al­lon­gent en suiv­ant le pénis qui se retire, exposant une plus grande sur­face de sa bouche à son con­tact. Sali­vant sans cesse, elle doit desser­rer l’é­tau de ses lèvres pour se vider la bouche. Un filet de bave coule du coin de sa bouche pen­dant que les amants se retirent. Ste­fan garde la tête de Nathalie entre ses mains, pour frein­er son recul, s’ap­puyant en même temps sur la femme age­nouil­lée pour garder sa bal­ance. Quand Nathalie sent la couronne buter con­tre ses lèvres, elle attend un instant, sans bouger, avant d’en­tamer le mou­ve­ment en sens inverse. C’est tou­jours elle qui dirige, et les mains autour de sa tête suiv­ent machi­nale­ment le pro­grès dont elle bat le rythme. Leur étreinte est douce, une caresse de plus prodiguée à une femme adorée, signe de pro­fond respect et d’amour.

Age­nouil­lée dans la baig­noire dont l’eau lente­ment refroid­it, elle suce, la con­science engour­die par la volup­té, sujette aux mou­ve­ments de la verge qui l’empale, obstru­ant et libérant sa res­pi­ra­tion à un rythme que ni lui ni elle ne sont plus en mesure de con­trôler. Ses poings agrip­pés aux fess­es de son amant, ses coups de souf­fle quand il se retire, le bat­te­ment de son cœur, jusqu’au clig­note­ment de ses paupières, son corps entier est soumis aux du pénis qui avance et qui recule, par­cours où chaque mil­limètre prend des pro­por­tions d’une dis­tance énorme. Finale­ment, il n’y a plus de pro­grès à faire. Elle a poussé jusqu’à la racine du phal­lus, ses lèvres scel­lées autour du pal vivant dans les artères duquel elle sent cir­culer le sang. Son front repose con­tre le ven­tre, et, sans la néces­sité de devoir respir­er, elle resterait dans cette posi­tion, éter­nelle­ment. Mal­gré les arômes du gel douche, l’odeur par­ti­c­ulière aux reins envahit ses nar­ines. En train de reculer pour pren­dre un nou­v­el élan, elle sent un frémisse­ment sur ses lèvres, signe précurseur d’un mou­ve­ment mus­cu­laire amor­cé dans les pro­fondeurs du corps et qui se propage jusqu’à l’ex­trémité du pénis. Ste­fan va jouir. Rec­u­lant tou­jours, Nathalie retrou­ve un brin de con­science qui se demande quel va être son goût, pen­dant que des con­trac­tions font déjà sor­tir le liq­uide sémi­nal de son réser­voir et le poussent le long des con­duits de chair. Elle reçoit son sperme en pleine bouche où il se mélange à sa salive. Le liq­uide est salé. Nathalie remue le mélange avec sa langue, avide de ramass­er les dernières giclées à même la source. Ste­fan se retire. Ses jambes trem­blent, et il relâche la prise sur la tête qui l’avait aidé à garder l’équili­bre pen­dant les dernières min­utes. Il s’age­nouille, puis s’as­soit. Dans un pre­mier élan, Nathalie aurait voulu tout avaler, mais elle ne peut se résoudre à renon­cer si tôt à ce goût de leur volup­té assou­vie. Elle a une meilleure idée. Ouvrant les yeux, elle cherche ceux de Ste­fan. Son regard est fixé sur elle, les yeux grand ouverts, fiévreux, humides. La bouche rem­plie de sperme et de salive, elle a du mal à artic­uler. Alors, elle se hisse tout sim­ple­ment sur ses genoux pour être dans une posi­tion élevée par rap­port à Ste­fan, et se rap­proche de lui. Sauvage­ment, elle plonge ses regards droit dans ses pupilles, et colle ses lèvres con­tre les siennes. Quand elles s’ou­vrent, elles lais­sent échap­per le liq­uide qui vient rem­plir la bouche de Ste­fan. Elle l’en­chaîne entre ses bras, le ser­rant de toute sa force, et pous­sa de sa langue pour touiller les flu­ides qui mélan­gent leurs écumes dans sa cav­ité buc­cale. Sa bouche vidée, elle lève la tête pour jouir du spectacle :

« Avale, mon amour, avale tout, et embrasse-moi ! »

C’est la toute pre­mière fois que Ste­fan goûte à du sperme. Il s’y serait peut-être opposé si Nathalie ne l’avait pas sur­pris, mais la nausée qu’il ressent aux tout pre­miers instants est vite rem­placée par l’ivresse avec laque­lle il accueille tout ce qui vient de Nathalie. Il avale d’un seul coup. Après, calmé, atten­tif au pas­sage du liq­uide visqueux le long de son gosier, il l’en­tend chu­chot­er près de son oreille :

« Mer­ci Ste­fan. Tu sais que tu m’ap­par­tiens main­tenant ? Si jamais tu osais te sépar­er de moi, je viendrais te hanter dans ton som­meil et je te noierais dans une baig­noire rem­plie de sperme, de bave et de sang. Ça te dit ? »

Au lieu de répon­dre, Ste­fan l’embrasse sur le bout du nez et ensuite entre les sour­cils, juste à la racine du nez. Quand il la prend dans ses bras, il la sent frissonner.

« Tu as froid, mon amour. Attends, on va te reta­per. Assieds-toi, ma douce ! »

Il sort de la baig­noire, les jambes trem­blantes. L’air, chargé d’hu­mid­ité, garde encore des traces de la chaleur de l’eau, et le miroir est tout embué ain­si que les parois qui sépar­ent la baig­noire du lavabo. Ste­fan ouvre le robi­net. L’eau réglée à la bonne tem­péra­ture, il prend la douche et dirige le jet sur Nathalie pour lui ren­dre la chaleur per­due en se con­sacrant à son plaisir. À la voir bar­bot­er dans la baig­noire et se ranimer sous la chaleur liq­uide, Ste­fan sourit d’aise et de plaisir. Il lui pro­pose de la savon­ner. Elle accepte et lui présente son corps, tout juste sor­ti de l’eau, luisant et dégouli­nant. Ste­fan l’admire.

« À te voir, on com­prend pourquoi les Anciens affir­maient que Vénus était sor­tie de la mousse de l’eau de mer. »

Nathalie ray­onne de plaisir à ces paroles et prend les mains de son amant. Après y avoir mis un peu de gel douche, elle les pose sur ses seins, où elle leur fait exé­cuter des mou­ve­ments cir­cu­laires apprenant à Ste­fan la meilleure façon de répan­dre et de faire mouss­er du savon. Il ouvre ses mains pour cou­vrir le plus de sur­face pos­si­ble et sent pass­er les mamel­ons dur­cis entre ses doigts. Nathalie, ses mains tou­jours posées sur les siennes, ren­force la pres­sion pour mieux se faire pétrir. Ste­fan empoigne les boules de chair et de graisse, les ser­rant avec une force renou­velée, et ses doigts lais­sent sur leur pas­sage des traces blanch­es aux endroits d’où la pres­sion fait par­tir le sang.

Il a du mal à détourn­er ses atten­tions de la poitrine, mais comme il ne veut pas nég­liger les autres par­ties du corps qu’elle lui offre, il fait un effort. Il ne le regrette pas, les trou­vant tout aus­si prêtes à se laiss­er manier et à se tor­dre de plaisir sous ses mains glis­santes. Il demande à Nathalie de s’age­nouiller et la rince à l’eau chaude. La mousse par­tie, Ste­fan l’in­vite à sor­tir de la baig­noire, prend une servi­ette et l’en­veloppe. Comme les trem­blote­ments recom­men­cent sous l’ef­fet de la vapor­i­sa­tion, elle serre la servi­ette sur son corps humide et donne un dernier bisous à Ste­fan avant de le ren­voy­er dans la cham­bre pour y réchauf­fer le lit.

En sor­tant de la salle de bain, sa peau encore humide aux endroits som­maire­ment essuyés, les cheveux mouil­lés et les joues rou­gies par l’ef­fort, Nathalie trou­ve Ste­fan debout près du petit bureau où il est en train de véri­fi­er l’é­tat du réseau. Il est nu, et ses servi­ettes humides trainent dans la salle de bain. Nathalie, ayant voulu rejoin­dre Ste­fan le plus rapi­de­ment pos­si­ble, a fait pareil et a jeté les siennes nég­ligem­ment par terre juste avant de sor­tir de la salle de bain. Dès que Ste­fan l’aperçoit, il se tourne vers elle. Elle se lance dans ses bras avec un petit glousse­ment de rire. Ste­fan, la ten­ant dans une prise ferme, se penche et, avec un mou­ve­ment flu­ide des bras et des épaules, arrive à l’en­lever en plein élan et à la porter dans ses bras. Elle pousse un cri de sur­prise. Il approche son vis­age du sien et l’embrasse longue­ment sur la rougeur pal­pi­tante de ses lèvres. Sa bouche si près de son cou, il est sévère­ment ten­té de lui faire un suçon géant, mais sa con­science d’homme adulte se réveille juste à temps pour l’empêcher de pouss­er encore plus loin dans la voie des folies. À la place, il ferme les yeux et serre le corps nu tout con­tre soi, enfonçant son nez dans les plis de peau entre le cou et l’é­paule, reni­flant l’odeur de femme qu’il y débusque.

« Tu sais, si je tombe malade, c’est de ta faute ! Moi qui croy­ais te retrou­ver au lit bien chauf­fé où j’au­rais pu me gliss­er tout con­tre toi, qu’est-ce que je vais devenir ?

– Je vais me rat­trap­er, sérieusement ! »

Sen­tant à nou­veau trem­bler le corps blot­ti con­tre le sien, il se dirige vers le grand lit où il la dépose douce­ment sur les draps. Avant de la rejoin­dre, il étend la cou­ette sur elle, la cou­vrant soigneuse­ment, avant de gliss­er dessous.

C’est un grand lit à deux places, très spa­cieux, qui offre un vaste ter­rain aux jeux adultes. La cou­ette est lourde et dense et retient bien la chaleur qui se dégage de leurs corps. Nathalie est vite réchauf­fée par sa pro­pre énergie aug­men­tée par celle de Ste­fan, éten­du con­tre elle. Le trem­ble­ment dis­paraît au bout de quelques min­utes, rem­placé par des étire­ments voluptueux par lesquels Nathalie cherche à faire pass­er la peau nue de son amant sur la sur­face entière de la sienne.

« Dis, Nathalie, à pro­pos de ce que tu as dit au restau­rant… Tu crois qu’on va se revoir – après? »

xxxviii. jeu de couleurs