XX. Le sexe de Nathalie

Attiré par l’odeur lux­u­ri­ante du sexe de Nathalie, Ste­fan se dirigea vers une forêt dont l’orée se présen­tait comme une toi­son de jais au-dessous de laque­lle s’étendait une plaine blanche et soyeuse. Pressé d’y attein­dre, il ralen­tit pour­tant son pro­grès comme si ses doigts, près de com­met­tre un acte sac­rilège, hési­taient sur le seuil du sanc­tu­aire. Douce­ment, en proie à l’horreur sacrée qui entoure les demeures des dieux, il avança vers le ter­rain où s’abritaient des charmes encore incon­nus. Du bout des lèvres, il effleu­ra quelques poils, y ramas­sant des molécules qui lui apportèrent une pre­mière idée du goût qui l’attendait plus loin. Suiv­ant l’horizon som­bre et promet­teur qui s’étendait devant ses yeux et ses nar­ines, il con­tin­ua son par­cours jusqu’à l’endroit où les jambes fer­me­ment ser­rées l’empêchèrent pro­vi­soire­ment de pouss­er plus loin son expédi­tion. La bouche posée juste à la pointe du tri­an­gle, il se lança dans des frôle­ments satinés.

Nathalie sen­tit le souf­fle ardent du mâle aug­menter une moi­teur nais­sante. Ses flancs, ser­rés entre les bras de son amant, tels des entrav­es ray­on­nantes, furent sec­oués par des trem­ble­ments quand s’ébran­lèrent les mains pour descen­dre lente­ment vers les régions inférieures, où l’as­saut serait don­né aux bat­tants d’ivoire qui, fidèles gar­di­ens, con­tin­u­aient à inter­dire l’ac­cès au sanc­tu­aire. Absorbée par les susurre­ments de son corps en sus­pens, la femme attendait l’in­stant où l’en­vahisseur se glis­serait entre ses cuiss­es pour les écarter dans une lutte qui ver­rait se mêler la force à la sensualité.

L’attente se pro­longeait et, au lieu d’exécuter cette manœu­vre pressen­tie, qui avait sem­blé si naturelle à Nathalie, Ste­fan fit diver­sion en déviant ses éclaireurs vers les fess­es. En route, fouil­lant et s’en­fouis­sant, ils sondèrent l’e­space entre la chair et la cou­ette pour mesur­er le poids qu’ils seraient appelés à maîtris­er sous peu. Une fois arrivés à des­ti­na­tion, rebrous­sant chemin, ils se remirent en route sans délai, et une vague de chaleur sub­mergea Nathalie, inéluctable­ment pro­gres­sant vers le ven­tre, empor­tant jusqu’à la moin­dre trace de résis­tance sur son pas­sage. Per­chés sur le point cul­mi­nant de la plaine ven­trale, à l’om­bre de collines opu­lentes, le ter­rain con­quis s’é­tendait à perte de vue. Ste­fan, prof­i­tant de ses avan­tages, don­na, d’un geste à peine per­cep­ti­ble, des ordres aux­quels Nathalie se hâta d’obéir en se soule­vant, en descen­dant de quelques mil­limètres vers la tête, tou­jours posée dans son sein, et dont elle sen­tait la dureté du crâne s’en­fon­cer plus avant dans une terre de volup­té qu’ar­ro­saient ses entrailles.

Le nez et la bouche enfouis dans les poils par­fumés, Ste­fan s’accrochait au ven­tre pal­pi­tant. Som­brant dans une folie que nour­ris­saient le désir et la volup­té, Nathalie cher­chait à se faire con­sumer par la chaleur qui l’enveloppait de partout, et finit par écarter ses cuiss­es, cédant à ses pro­pres envies et aux instances sans cesse renou­velées de Ste­fan. Celui-ci, atten­tif au moin­dre trem­ble­ment de sa proie, s’en ren­dit compte à l’instant même où les vibra­tions des mus­cles trahirent le mou­ve­ment. Ses doigts s’enfoncèrent dans le ravin entrou­vert et plongèrent dans une chaleur humide qui en dit long sur l’état où se trou­vait Nathalie. Elle se lais­sa ouvrir, docile, cédant devant l’as­saut, tan­dis que Ste­fan, au fur et à mesure qu’il écar­tait ses cuiss­es, plongeait vers le cen­tre d’un corps inondé par une sève bouil­lon­nante et agité par des vibra­tions échap­pés à tout contrôle.

Le vagin de Nathalie
« Elle s’offrit à lui, à ses regards, à ses doigts, à sa langue, à son sexe. »

Les yeux grand ouverts il s’émerveilla à la vue des détails cachés. Il repéra les endroits où le pas­sage de l’esthéticienne avait élim­iné les poils et où les lèvres du sexe appa­rais­saient nues devant ses yeux émer­veil­lés. Il vit l’orifice où lui­sait un liq­uide dont il allait déguster un pre­mier échan­til­lon dans quelques instants. Nathalie, une fois la bar­rière de ses jambes enfon­cée, replia ses mol­lets comme pour délim­iter le ter­rain qu’elle pré­parait à leur ren­con­tre. Elle s’offrit à lui, à ses regards, à ses doigts, à sa langue, à sa verge, qu’elle avait sen­ti pass­er le long de ses jambes. Ste­fan s’apprêta à entamer la dernière étape du voy­age vers le cen­tre de la chair. Faisant le tour du vagin, il pas­sa le long de toutes les mer­veilles que Nathalie exhibait si généreuse­ment après avoir suc­com­bé à cette pre­mière per­cée. Plusieurs fois, il choisit délibéré­ment de pro­longer le par­cours en emprun­tant les pas­sages val­lon­nés par les aines, une par­tie du corps féminin dont ses expéri­ences lui avaient appris l’extrême sensibilité.

La sen­tant prête, il plongea encore un petit peu plus bas, et plaça les mains à gauche et à droite des lèvres extérieures, les écar­tant en tirant tout légère­ment dessus, dans un effort presque hési­tant. Il y mit à nu la chair vio­lacée d’une huître exquise, où, après l’avoir embrassée de ses regards avides, il appli­qua sa bouche, tout en bas, près de l’orifice dont les pal­pi­ta­tions lui rap­pelèrent les con­trac­tions d’une blessure toute fraîche. Pen­chant la tête, il ramas­sa de lour­des gouttes d’un liq­uide dont la furie print­anière d’un ruis­seau de mon­tagne venait d’asperg­er ses bor­ds, avant de quit­ter, pro­vi­soire­ment, ce défilé réservé à des incur­sions ultérieures. Il se mit en route, pro­longeant son ascen­sion autant que pos­si­ble, vers la cachette où se ter­rait le bou­ton d’où il allait faire éclore la fleur de son plaisir. Pour franchir cette étape suprême, il fal­lait la pré­par­er et il assura sa prise sur les cuiss­es déjà plus qu’à moitié ouverte. Pous­sant d’une force mesurée mais con­tin­ue, il réus­sit à baiss­er ses jambes encore davan­tage vers le blanc tou­jours immac­ulé des draps, en allégeant les douleurs que cau­saient de tels efforts à ses mus­cles et à ses ten­dons par des exer­ci­ces inces­sants de sa langue qui con­tin­u­ait à cou­vrir de caress­es humides et péné­trantes les moin­dres recoins de son corps. Pal­pant son sexe, il son­da le vagin en de pro­fondes explo­rations, véri­fi­ant de temps en temps sa dilata­tion en intro­duisant plusieurs doigts. Les mus­cles mal­menés trem­blèrent sous la pres­sion qu’il y appli­quait par dos­es s’adaptant aux dif­férents degrés de plaisir et de douleur par lesquels il fal­lait la faire passer.

Sec­ouée par une pre­mière vague de con­vul­sions, Nathalie se débat­tait de plus en plus fort et Ste­fan devait faire de plus en plus d’efforts pour la tenir ouverte et acces­si­ble. Par­fois, il se soule­vait légère­ment pour la regarder. Elle avait les yeux fer­més et ses lèvres bougeaient comme si elle était en train de réciter des incan­ta­tions. Ses doigts étaient occupés à frot­ter les bouts de ses seins. Puis, se ren­dant compte de ce qu’il la regar­dait, le dévis­ageant à tra­vers le rideau de ses cils, elle l’adres­sa d’une voix rauque, teinte du noir de la suie par des pas­sages répétés à tra­vers des cav­ernes en flamme :

« Tu vas me faire jouir si tu con­tin­ues ainsi !

– Alors, tu veux que j’arrête ?

NON ! Mais je vais sûre­ment m’endormir – après.

– C’est ce qu’on va voir… »

Elle refer­ma les yeux et jeta sa tête en arrière, creu­sant une place où s’abriter au milieu de son oreiller, dans l’attente des sec­ouss­es à venir. Ste­fan reprit sa posi­tion, sa tête couchée au creux du bas-ven­tre, mais cette fois-ci, il voua ses atten­tions à la par­tie supérieure du vagin. La bosse qu’il y avait déjà sen­tie aupar­a­vant était plus pronon­cée main­tenant, et la fleur future qui s’y cachait ne demandait plus qu’à en sor­tir. Il allait lui faciliter la nais­sance en cou­vrant son repli d’une pluie de petits coups de langue, à peine sen­si­bles, y con­sacrant un effort et une atten­tion sans relâche. Puis, pour l’exciter davan­tage, il plaça son index juste devant l’orifice de son vagin, inondé par un liq­uide onctueux que les con­trac­tions fai­saient sor­tir d’elle en abon­dance. Exerçant rien qu’une pres­sion min­i­male, il glis­sa à tra­vers un ves­tige de résis­tance, opposée à son intru­sion non par une volon­té active mais par la seule iner­tie de la matière. Elle fut pénétrée. Les mus­cles, qui non seule­ment ne lui opposèrent plus aucune résis­tance, l’accueillirent car­ré­ment en l’en­fer­mant entre leurs parois visqueux mais fer­mes. Tout le long de cette opéra­tion déli­cate, Ste­fan con­tin­u­ait à tit­iller le capu­chon dont la peau se reti­rait douce­ment. Quand il sen­tit le cli­toris enfin sor­tir timide­ment de dessous son abri pour s’offrir à l’avidité insis­tante qui avait fini par le débus­quer, il cher­cha à ren­dre ces mou­ve­ments encore plus doux pour ne pas effray­er ce minus­cule bout de chair qui s’é­panouis­sait sous ses caress­es. Ste­fan y col­la sa bouche, faisant tourn­er sa langue dans un rythme qui s’adaptait aux pal­pi­ta­tions du corps en chaleur.

Pen­dant qu’il con­cen­trait ain­si tous ses efforts sur un point unique qui ray­on­nait ardent dans l’univers noir­ci de Nathalie, son doigt enta­mait un va-et-vient réguli­er qui le propul­sait vers d’intarissables réser­voirs. Dans un pre­mier temps, une fois le pas­sage for­cé, le cer­cle des mus­cles s’était dilaté. Main­tenant, en réponse à ses poussées de plus en plus pro­fondes, il se resser­ra autour du corps étranger. Ste­fan, excité par l’effet qu’il se vit exercer sur Nathalie, arrê­ta tout mou­ve­ment, appuya le bout de sa langue con­tre la boule vibrante où se ramas­saient les restes de sa con­science, et pous­sa, très légère­ment mais sans lâch­er sa proie. Il ne bougeait plus, la langue col­lée con­tre elle, à l’unisson avec les vagues qui gon­flaient de sang la chair qui se jetait à l’en­con­tre de la sienne.

Elle se tor­dait, jetant sa tête vio­lem­ment d’un côté à l’autre, ses mains cher­chant quoi que ce soit pour s’y accrocher. Sa bouche était restée ouverte et elle pous­sait, d’une voix douce pour­tant, des cris pro­longés. Son ven­tre pal­pi­tait, les mus­cles vagin­aux se con­trac­taient sur la verge dig­i­tale qui avait pour­tant cessé de bouger, et elle tres­sail­lait sous le bout de cette langue qui la tenait pris­on­nière. Ste­fan la sen­tit sub­mergée par les vagues des orgasmes suc­ces­sifs, mais il refu­sait de la lâch­er. Elle dut lui crier dessus pour qu’enfin il se retirât. Hale­tant, il se coucha, à côté d’elle, et enlaça son corps cou­vert de sueur.

L’essoufflement oblig­ea Nathalie à garder sa posi­tion, mais dès qu’elle eut récupéré quelques forces, elle reje­ta le drap et se libéra de l’étreinte de son amant.

« Tu vas me faire crev­er de chaud », lui lança-t-elle.

Couché sur le côté, sa tête appuyée sur un bras, Ste­fan la con­tem­plait. Il ne man­qua pas de remar­quer l’expression de ses yeux où scin­til­lait un sourire ten­dre qui fran­chis­sait l’abîme que Nathalie venait d’ouvrir entre eux en prenant la fuite devant la chaleur dev­enue insup­port­able du corps de Ste­fan con­tre le sien, sur­chauf­fé par la série d’orgasmes qu’elle venait de subir. Elle était couchée sur le dos, les bras et les jambes légère­ment écartés pour expos­er à l’air une plus grande sur­face de sa peau. Les yeux fer­més, elle pre­nait de grandes bouf­fées d’air. Elle devait encore ménag­er ses forces et évi­tait de par­ler, mais ses lèvres, légère­ment ouvertes, dessi­naient un sourire. Au bout d’un petit moment, son souf­fle reprit une mesure plus régulière. Sa main cher­cha celle de Ste­fan, et, guidée par la grav­i­ta­tion du corps qui repo­sait à côté du sien, elle ne mit que quelques instants à la trouver.

« Je t’aime », dit-elle, d’une voix où la ten­dresse se mêlait à une fatigue déli­cieuse dont elle se sen­tit pénétrée, jusque dans le dernier recoin de son être.

« Je t’aime aus­si, Nathalie »

Le silence entre eux expri­mait mieux que des paroles ce qu’ils ressen­taient l’un pour l’autre. Ils s’étaient ren­con­trés, loin de tout ce qui les liait, libres de toute entrave, tels des êtres abso­lus, pour se fon­dre l’un dans l’autre. Enfin, ils avaient pu suiv­re physique­ment leurs âmes qui s’étaient servies depuis longtemps des ondes et des fils chargés d’électricité pour se retrou­ver et se balad­er à tra­vers un monde rem­pli de dis­cus­sions inter­minables, de ten­dresse, d’aventures et d’amour. Suiv­ant cet exem­ple, les corps venaient de fusion­ner dans un tour­bil­lon d’énergie.

La chaleur, libérée par la vio­lence de leur fusion, ne se dis­si­pait que lente­ment. D’un accord tacite, ils avaient résolu de prof­iter du spec­ta­cle par tous les sens. La lumière était donc restée allumée, et ses rayons, en les envelop­pant, fai­saient briller la mince couche de sueur dont ils étaient recou­verts. Nathalie dégageait une clarté éblouis­sante, soulignée par le noir de quelques poils que les étreintes avaient lais­sé col­lés sur son ven­tre et sa poitrine. Ste­fan sen­tit l’appel renou­velé de sa peau, attiré par un courant qui s’étab­lis­sait entre eux. Libérant sa main de la sienne, il cares­sa son bras, suiv­ant le jeu des ten­dons qu’il sen­tait sous sa peau et qu’elle fit jouer en agi­tant légère­ment sa main. Il voulut voir ses yeux et se dres­sa. Elle les gar­dait fer­més. À défaut de pou­voir enchaîn­er son regard au sien, il la dévis­agea longue­ment et atti­sa son appétit d’elle en se rem­plis­sant des détails d’un corps qu’elle venait de lui offrir et dont il allait rede­man­der encore et encore. Tant qu’ils avaient été séparés, ils s’étaient servis de la parole pour se caress­er, se récon­forter, voire s’allumer. Rien qu’en se par­lant, qu’en se susurrant des mots chargés de leur envie et de leurs désirs, ils avaient réus­si à se faire jouir. Depuis qu’ils s’étaient rejoints, les mots avaient été rem­placés par les gestes, et un bais­er ten­drement posé sur un bout de sein valait bien un « Je t’aime ».

La fatigue qui avait pris pos­ses­sion de Nathalie à la suite des orgasmes se dis­si­pait douce­ment. La chaleur presque insup­port­able cédait la place au bien-être que fai­saient naître les doigts de Ste­fan effleu­rant sa peau. Se tour­nant vers lui, elle ouvrit les yeux, avança sa tête près de la sienne et posa ses lèvres sur sa bouche.

jour