XVI. Collés

Elle ado­rait ça, rester maîtresse de ses mou­ve­ments, libre de toute entrave, pen­dant qu’elle tenait son amant pris­on­nier. Elle cher­cha à aug­menter son poids pour le tenir, pour lui mon­tr­er à quel point sa résis­tance était futile et vouée à l’échec, dans la mesure où l’homme rendrait la femme plus forte en dépen­sant ses forces inutile­ment. Il lui fal­lait se ren­dre devant l’assaut du corps féminin, de son être physique, et, en même temps, de ses étreintes, ses mots chu­chotés et ses regards lancés, à tra­vers lesquels elle essayait de faire pass­er son âme pour encore mieux le domin­er. Ses cheveux déliés cou­vrirent le vis­age de Ste­fan et une par­tie de son torse. Leur odeur l’enivra et le paralysa, leur con­tact le fit sur­sauter en lui trans­met­tant comme des chocs élec­triques, leurs pointes prenant racine dans sa peau pour y faire entr­er le venin de la femme.

Il subit les effets du cock­tail chim­ique qu’il absorbait par les nar­ines, par la peau et par la bouche. Leurs vête­ments étaient en désor­dre, à moitié enlevés. Il sen­tit ses mains le par­courir, ses lèvres le palper, sa bouche l’aspirer, et sa salive couler en filets qui venaient mouiller ses lèvres, son men­ton et sa bouche, ouverte presque par force. Toutes ces impres­sions, trans­mis­es par les courants qui cir­cu­laient dans ses nerfs, inondèrent son cerveau, où les neu­rones étaient près d’éclater dans la joie de ces pre­mières décou­vertes, sous une sur­charge de ten­dresse et d’envie.

Pour­tant, loin de l’étourdir, les vio­lentes ten­dress­es de Nathalie eurent pour effet de ren­forcer ses désirs et de réveiller ses forces. La pos­si­bil­ité entrap­erçue de la dom­i­na­tion fémi­nine venait de sus­citer une réac­tion qui avait pour seul but de ren­dre les efforts de Nathalie encore plus vigoureux, pour pou­voir ensuite plus com­plète­ment y suc­comber. Il lais­sa gliss­er ses mains dans le bas de son dos, tout près des fess­es, pour la ser­rer de plus près. Les globes char­nues, dont il dev­inait la prox­im­ité, le nar­guaient, et il imag­i­na les caress­es et les mas­sages qu’il y appli­querait pour la met­tre sous son charme. Il enta­ma des petits mou­ve­ments cir­cu­laires pour explor­er le ter­rain. Tombant sur le bord de la chemisette qui dépas­sait du pan­talon, il tira tout douce­ment dessus pour agrandir la brèche par laque­lle il comp­tait attein­dre la peau nue. Un par un, il lais­sa pénétr­er ses doigts, les faisant descen­dre jusqu’à ce que les bouts effleurassent le petit creux tout au bas de son dos, cou­vert d’un duvet doux et ten­dre. L’expérience lui avait fait con­naître les effets que pou­vaient avoir sur une femme des caress­es appliquées à cet endroit par­ti­c­uli­er. Il en fit le tour, puis attaqua hardi­ment, se reti­rant presque aus­sitôt, comme effrayé par son pro­pre courage. Revenant à la charge, il s’y prom­e­nait plus longtemps, pous­sant jusqu’au bord opposé. Tan­dis que, sous lui, à l’endroit même où fusion­nait la chaleur qu’ils dégageaient tous les deux, vibrait la chair fémi­nine si déli­cieuse­ment puissante.

Les fesses de Nathalie (inspirées par celles de Louise O'Murphy de François Boucher)
« Il lais­sa gliss­er ses mains dans le bas de son dos … »

Par instants, Nathalie ces­sait tout mou­ve­ment, dans l’attente des manœu­vres que l’homme allait inven­ter. Ren­du plus har­di par les vagues de plaisir que les pas­sages répétés de ses mains déclenchèrent et dont l’imminence s’annonçait par des tres­saille­ments nerveux de la peau, il délais­sa, pro­vi­soire­ment, la par­tie qu’il venait d’explorer si inten­sé­ment pour se diriger vers un autre ter­rain qui se rap­pelait à l’attention de ses doigts explo­rateurs. Nathalie se tint immo­bile, tout à l’écoute du rythme de sa pro­pre res­pi­ra­tion, des bat­te­ments de son cœur, de la pres­sion du sang con­tre ses artères, et atten­dit les résul­tats de son avancée. Elle sen­tit les paumes de son amant gliss­er dans son pan­talon et pass­er douce­ment le long de ses fess­es potelées, par­cou­rues par des fris­sons mal con­tenus. Elles s’arrêtèrent au point cul­mi­nant comme pour y hiss­er le pavil­lon de leur dom­i­na­tion. Une ten­sion insouten­able envelop­pait les deux amants immo­biles. Les lèvres col­lées les unes con­tre les autres, les langues occupées à se déguster, ils écoutaient leur souf­fle pass­er à tra­vers les nar­ines. Sur la peau chaude et moite de leurs vis­ages, ce léger courant d’air lais­sa une trace de fraîcheur.

C’était le moment que Nathalie choisit pour se lever. Elle s’appuya sur Ste­fan pour pren­dre son élan, l’écrasant con­tre le mate­las. Ste­fan eut l’impression d’avoir à porter le poids décu­plé de la femme à l’ap­parence pour­tant si peu robuste. Le froid de la cham­bre d’hôtel rem­plaça la chaleur de la présence fémi­nine sur son épi­derme désert. Il tres­sail­lit, roulant sur le ven­tre pour ramass­er les calo­ries que la cou­ette avait absorbées pen­dant leurs ébats. Il vit Nathalie se désha­biller et sa vitesse le décon­cer­ta. La chemisette, les bottes, le pan­talon, le sou­tien. Tout cela l’affaire de quelques sec­on­des. Elle sen­tit les regards lubriques de Ste­fan la par­courir. Légère­ment dressé sur le lit, il fut absorbé par le plaisir de con­tem­pler le spec­ta­cle de sa nudité. Elle allait et venait dans la cham­bre, tirant les rideaux, déposant son portable sur le chevet de nuit, rangeant ses vête­ments sur une chaise. Dis­parue dans la salle de bain, un bruit d’eau ne tar­da pas à lui sig­ni­fi­er qu’elle venait d’ou­vrir les robi­nets pour se couler un bain. Elle sor­tit pour se ren­dre dans le vestibule, où elle prit sa valise qu’elle déposa ensuite au milieu de la cham­bre. Pen­dant tout le temps qu’elle était occupée à pré­par­er son bain et ses affaires, elle s’exposait aux regards de son amant, s’enivrant à cette idée. Elle tenait à ce qu’il la vît se pencher sur la valise pour en sor­tir sa trousse de toi­lette, se délec­tait à imag­in­er les effets qu’aurait sur Ste­fan la vue de ses seins, de leurs bouts qui pointaient, de son ven­tre lisse et bom­bé, de ses cuiss­es dont elle dis­sim­u­lait la force, et de ses fess­es qui invi­taient bien plus que des regards. Après s’être attardée plus que néces­saire à fouiller dans sa valise, elle se rel­e­va enfin, mais lente­ment, se vau­trant longue­ment devant les yeux qui la pelotaient. Se reti­rant finale­ment pour de bon dans la salle de bain, elle enl­e­va la culotte qu’elle lança à tra­vers la porte lais­sée ouverte. Le cœur de Ste­fan bat­tait de plus en plus fort. Il se leva, et approcha douce­ment comme du sanc­tu­aire d’une déesse. Nathalie venait d’entrer dans la baig­noire. Tou­jours debout, elle était occupée à ouvrir une bouteille de savon pour en vers­er le con­tenu dans l’eau. La mousse ne tar­da pas à se for­mer et Nathalie en eut autour des mol­lets au bout de quelques sec­on­des. Il fai­sait froid dans la salle de bain, et la chaleur de la nudité de Nathalie à laque­lle venait s’ajouter celle de l’eau chaude, atti­ra irré­sistible­ment Stefan.

« Je peux te rejoindre ? »

xvii. baignoire