« Tu crois qu’on va en voir encore d’autres ?
– De couleurs ? Oui, répondit Nathalie, enthousiaste.
– Qu’est-ce que tu penses du violet alors ?
– Tiens, cela me rappelle justement quelque chose. »
Elle se rapproche de Stefan et colle ses lèvres contre ses oreilles. D’une voix susurrante, accompagnée par la chaleur torride de son haleine, elle y laisse couler des paroles étrangement déformées par son accent ainsi que par l’envie qui la brûle :
April is the cruellest month, breeding
Lilacs out of the dead land
« Tu connais ?
– Oui, je connais. T. S. Eliot. C’est même un de mes meilleurs souvenirs d’école. Pour une fois qu’on a eu un prof qui nous a pris au sérieux et qui nous a fait découvrir cette terre extraordinaire du royaume crépusculaire, du twiligth kingdom, et des fantômes qui l’habitent.
– Tu aimes la poésie ?
– J’aime l’effet que me font les mots auxquels on attache des rêves. Des mots qui font surgir quelque chose d’une terre aride, qui relèvent un bout de voile sur des mystères aux sombres sonorités. J’aime quand ils font vibrer une corde en moi, quand je ressens quelque chose qui résonne dans le creux de mon ventre, quand je voudrais embrasser la mort après avoir bandé justement pour immortaliser ce souvenir d’un bout de chair en toi. J’aime ça, oui ! »
Nathalie éprouve comme un chatouillement au creux de son ventre en entendant cette voix prendre doucement la sonorité et le rythme des incantations. Elle promène ses regards sur le corps étendu à côté d’elle. Stefan ne s’est pas redressé. Son regard est rivé sur un point indéterminé du plafond, ses cheveux ébouriffés après la bataille d’oreiller. Les poils de son torse et de ses jambes collent à la peau aux endroits où l’air n’a pas encore pu sécher la sueur. Son sexe flasque gît dans le pli de l’aine gauche. La boule de peau épaisse et ridée qui abrite ses testicules repose entre des cuisses légèrement écartées. Les poils juste au-dessus, tondus avant de partir à la rencontre de Nathalie, forment une touffe noire où se mélangent les effluves de leurs liquides mêlés. À force de le contempler, Nathalie sent monter l’envie d’y fourrer son nez pour y retrouver le goût de sa salive et peut-être des relents de sa mouille.
« Pour quelqu’un qui parle avec une telle verve de poésie, tu me sembles très peu excité. »
Se dressant à moitié, elle désengage ses doigts, tourne sur le côté, vise la poitrine de Stefan, et pique comme un rapace pour appliquer un gros coup de langue sur le mamelon. Surpris, Stefan sursaute, ce qui la fait rigoler. Excitée par le succès de sa manœuvre, elle se met à genoux et s’approche du mamelon de gauche pour le faire profiter du même traitement. Mais quand elle se penche sur le buste de Stefan, ses cheveux tombent sur la poitrine de celui-ci. Il absorbe une telle dose de plaisir qu’il n’est plus capable de contrôler ses réactions et se met à tourner et à pousser de fous rires qui ressemblent à des cris.
« Arrête ! »
Nathalie est incapable de se retenir et balaie la poitrine de sa chevelure. Dans un effort désespéré, il arrive à serrer ses poignets et à la repousser, juste assez pour être hors de portée de ses boucles fatales.
« Effectivement, tu m’en fais voir de toutes les couleurs, chérie. »
Nathalie arbore un sourire malicieux, libère ses poignets, et fait mine de diriger ses attentions vers les parties inférieures de Stefan, quand il l’arrête en la prenant par les épaules. Elle se débat bien un peu mais se laisse finalement serrer contre sa poitrine où elle ouvre sa bouche dans l’attente d’un baiser.
Au lieu de sentir ses lèvres sur les siennes, elle entend sa respiration près de son oreille, et sa voix chuchoter des mots qui n’ont aucun sens, mais qui finissent par l’envoûter. Elle se laisse envelopper par ses bras, et s’allonge sur le corps de son amant dont elle absorbe la chaleur. Elle est à l’aise, et cet état se communique à Stefan qui l’enferme dans une étreinte très douce, destinée à la faire profiter encore davantage de ce qu’il dégage de chaleur animale et d’amour.
Les yeux fermés, la bouche entrouverte, sa tête repose sur la poitrine de Stefan et ses cheveux couvrent ses épaules d’un manteau soyeux. Au contact de leurs ventres naît une chaleur moite rayonnant doucement vers la poitrine et les jambes. La femme lovée sur son amant dégage un tel plaisir que Stefan, pendant un instant, croit entendre un ronronnement sortir de sa gorge.
« Mon amour, j’ai préparé quelque chose pour toi. Tu devrais juste me laisser partir pour quelques instants. »
Il compte sur sa curiosité qu’il espère exciter par une telle annonce et il ne se trompe pas. Malgré une certaine réticence, elle consent à le libérer de ses vivantes entraves. Stefan sort dans le vestibule pour y chercher une petite bouteille d’huile de massage dans sa valise. Il l’y a gardée cachée pour ne pas gâcher la surprise.
« Alors, mon amour, couche-toi un peu sur le ventre, et ferme les yeux, s’il te plaît ! »
Nathalie, excitée par ce qu’elle ressent comme des préliminaires destinées à l’embarquer dans un voyage vers un autre orgasme, s’exécute aussitôt.
Stefan verse une bonne quantité dans la paume de sa main gauche. Il attend que sa chaleur se communique au liquide, puis se place à côté de Nathalie. Un filet d’huile se répand sur son dos, juste dans le sillon de l’échine dorsale, tout près du creux des reins où une petite flaque ne tarde pas à se former dont la chaleur visqueuse plonge des racines jusque dans la chair abondante des fesses. Stefan s’en verse un peu sur les mains aussi, et commence à masser, le long des flancs et sur le dos, couvrant la peau d’une mince couche d’huile. Sous l’illumination indirecte, qui répand plus d’ombres que de lumières dans la chambre, la peau acquiert un lustre soyeux parsemé de taches plus foncées aux endroits où l’huile fait coller le duvet. De temps en temps, Stefan se redresse pour reprendre un peu d’huile qu’il soumet au même procédé avant de le verser sur la femme étendue. Il dirige ses attentions tour à tour sur son dos, ses fesses, ses épaules, les frottant avec ses mains tantôt ouvertes tantôt serrées en poing, traçant des sillons avec les jointures de ses doigts, et utilisant même ses bras pour couvrir une plus grande surface. Le contact permanent et intense de sa peau, légèrement plus gonflée sur les côtés où il devine les amorces des seins, les effets de son massage sur Nathalie, qui pousse des petits grognements de plaisir, la rondeur des fesses sous ses mains ouvertes, ne tardent pas à exercer un effet visible sur Stefan et chaque fois qu’il se penche pour se consacrer au cou ou aux pieds, son sexe passe sur une partie sensibilisée de sa peau. À la tendresse qu’il est en train de décharger sur Nathalie, se joint une faim grandissante de chair humaine. Il la sent monter, rendue plus brûlante par chaque passage supplémentaire sur sa peau sous laquelle il tâte les cordes des muscles et des tendons et la dure fermeté des os. La jeune femme, avide de se laisser manipuler, récipient de tant de tendresse qu’un seul corps ne saurait pas retenir, déborde d’amour et en répand autour d’elle, tout en restant collée contre le drap mouillé, les yeux fermés. Devant ses yeux fermés se déroule un film composé de fantasmes et de bribes de souvenirs des tendresses passées.
Dressé sur ses genoux, Stefan glisse ses mains entre les jambes de Nathalie pour les écarter. Le passage des mains sur la peau lisse et épilée lui arrache un premier soupir, réticent encore, mais prometteur de délires. Les cuisses s’ouvrent devant la main qui avance, cédant le territoire sans opposer la moindre résistance à l’envahisseur. Stefan en profite pour se placer derrière elle, dans l’espace délimité par ses jambes écartées, et recommence ses massages. Ses efforts se dirigent d’abord sur les hémisphères montant à gauche et à droite du ravin qui mène vers les passages secrets. Attiré par la crinière dont quelques mèches couvrent le dos enduit d’huile, enhardi par le frétillement qui l’accueille partout où il pose ses mains, il avance et se place juste au-dessus des fesses. Stefan resserre ses jambes sur la croupe de la femme qui se livre à son tour aux délices de la domination. Arrivée à la nuque, il y découvre un petit espace creux couvert de poils, et il se penche pour y poser un long baiser rendu plus intense par la chaleur de ses lèvres et l’humidité des filets de salives. Nathalie se cambre tandis que Stefan redescend le long de son dos, où il sème des baisers qui prennent racine dans une épiderme en révolte. Les fesses légèrement soulevées, malgré les quatre-vingt-dix kilos de chair masculine, Pas encore entièrement soumise, Nathalie, par des soupirs qui montent en intensité, défie le hardi voyageur à descendre plus loin, et plus rapidement, pour abréger l’attente de ce qu’elle devine et demande en même temps pour la suite. Malgré ces appels accompagnés par de sourds grognements, nés au fond des entrailles, Stefan, juste avant d’arriver au pli fessier qui sépare les deux globes, s’attarde au creux des reins, et prend le temps d’y répandre des flots de salive. Pendant tout ce temps, il sent la chair féminine palpiter sous son bas-ventre.
Très conscient de ce que Nathalie lui demande, Stefan empoigne son sexe et en fait sentir la dureté à la femme en lui appliquant de petits coups sur la croupe et la face intérieure de ses cuisses. Ensuite, empoignant les deux fesses, il tire dessus pour les écarter encore davantage. Il en découvre les joyaux cachés et y fait plonger sa langue dont il compte mettre l’agilité extraordinaire à leur profit mutuel. En descendant, il l’inonde de sa bave, fouillant les moindres recoins afin de l’en couvrir partout, ramassant au passage le goût de l’intimité profonde de Nathalie, aspirant, mélangeant leurs molécules et recrachant ce fluide, enrichi de leur encontre. Contournant son anus, il remonte jusqu’à ce qu’il se retrouve à l’issue du vallon évasé d’où son regard tombe à nouveau sur le vaste terrain des étendues dorsales, dont les courbes ondulantes à perte de vue lui donnent le vertige. Ses regards s’enchevêtre dans les cheveux abondants que Nathalie a ramassés pour essayer de les protéger de l’huile omniprésente. Sa tête repose sur sa joue droite, les bras étendus en avant dans un effort de s’étirer et de présenter encore plus de surface aux mains qui, inexorablement, s’emparent des moindres parcelles du territoire conquis. Stefan laisse sa bouche se remplir de salive, se penche sur les fesses toujours ouvertes, place sa bouche juste au-dessus de l’anus et ouvre les écluses derrière lesquelles bouillonne le liqueur blanc et visqueux.
Inondée, elle se met à frémir. Elle arrête de bouger et pousse un soupir qu’elle essaie de retenir, signe trop évident d’une soumission totale, désirée en même temps que rejetée afin de prolonger les délices de la conquête, mais qui arrive quand-même jusqu’aux oreilles de l’intéressé. L’effet qu’il se voit exercer sur Nathalie le précipite dans une sorte d’extase. Il se couche entre ses jambes, massant son anus, d’abord avec ses doigts passant ensuite à la langue comme l’outil le mieux adapté, qu’il pointe pour mieux venir à bout de la résistance des muscles qui en gardent l’accès. Il pousse fort pour s’introduire dans le passage étroit, pénétrant un peu plus à chaque coup, avant de se retirer provisoirement pour faire le tour de la rosette qui étale ses plis sous les regards curieux et assoiffés de détails de Stefan. Il remplit les papilles de son goût, il la sent se détendre devant les vagues de plaisir que lui procurent les caresses, et quand il voit une étroite ouverture se dessiner au milieu du muscle gardien, il se met à la sonder dans l’espoir d’en profiter pour lancer un nouvel assaut. Les parois s’écartent sous ses coups explorateurs et il s’engouffre dans une anfractuosité qu’il remplit d’huile et de salive. De temps en temps, il se retire pour se concentrer sur le sillon entre les lobes dont elle assure elle-même l’accessibilité en les écartant. À chaque retour vers l’entrée toujours plus faiblement gardée, il se réjouit de la trouver un peu plus facilement accessible. Les soupirs occasionnels, espacés, d’il y a quelques minutes, se transforment doucement en un gémissement continu dont Nathalie essaie toujours de cacher la force en enfouissant sa tête dans l’oreiller. Elle est prête. Cette fois-ci, indicateur du degré auquel a monté sa propre volupté, il verse l’huile directement sur l’anus, sans même prendre le temps de le chauffer. Le muscle vibre sous le filet frais. Stefan y trempe son index et pousse contre le sphincter qui s’est légèrement rétréci sous l’effet du froid. Mais sa langue ayant bien préparé le terrain, il pénètre sans effort. Il enfonce le doigt, doucement, sans forcer, conscient de chaque millimètre et avide de se rapprocher des organes qui palpitent derrière les parois qu’il est en train de frôler. Nathalie accueille l’ objet tâtonnant qui descend en elle en poussant de son côté pour faciliter le progrès et pour soutenir les efforts de l’empaler. Une fois le doigt suffisamment entré, elle resserre ses muscles pour l’arrêter et pour en éprouver la dureté. Sa curiosité satisfaite, elle fait se contracter ses muscles, dans un mouvement encourageant qui invite l’intrus à passer outre. Stefan pose la main gauche sur les reins de Nathalie pour l’empêcher de changer de position. Il entame un doux va-et-vient, s’arrêtant juste au bord du sphincter qu’il agace du coup de langue occasionnel. La couche d’huile entre le doigt et l’anus est assez épaisse pour lui permettre de passer à une vitesse supérieure. Le rythme de cette pénétration se transfère à Nathalie qui avance et recule, poussée et retirée par les actions de ce doigt singulier. Stefan se prépare à introduire un deuxième doigt, mais au moment de sentir le bout du majeur, Nathalie arrête de bouger, serre le bras de Stefan, sans tourner sa tête, et lui dit :
« Vas‑y tout à fait, mon amour. »
Stefan est surpris. Il a bien compté sur les massages de son anus pour aiguiser sa volupté, mais il s’était préparé à une résistance plus prolongée. Il retire son doigt, très doucement, se dresse entre les jambes grand ouvertes, et la soulève légèrement pour la mettre dans une meilleure position. Après avoir versé encore un peu d’huile sur son sexe ainsi que sur le trou palpitant, il place son membre contre l’anus, le positionnant juste au milieu, et pousse. Nathalie est étroite et cet orifice-là lui oppose une résistance bien plus prononcée que celui du vagin, mais comme sa langue et son doigt ont déjà suffisamment œuvré à la préparer, le gland y disparaît bientôt. À l’instant où il la sent céder, elle pousse un cri où la douleur aiguë du muscle vaincu se mélange à une dose écrasante de plaisir.
Une fois la résistance vaincue pour de bon, des coups de reins bien mesurés, poussés par l’avidité de la chair, mais retenus en même temps par le désir de prolonger l’immersion, font pénétrer la verge au plus profond des entrailles. L’étroitesse du passage chatouille ses nerfs et Stefan doit ralentir le rythme pour éviter une éjaculation précoce qui aurait privé sa partenaire d’instants précieux de plaisir. Nathalie serre ses muscles pour le retenir et sent battre le sang de Stefan contre les parois de ses intestins. Elle le relâche pour lui permettre de prendre du recul avant de se lancer une nouvelle fois. Il se retire juste assez pour sentir l’anneau qui garde le passage, s’arrêtant juste au bord de la chute hors de sa chaleur. Puis, il l’enfonce à nouveau, la sentant s’ouvrir pour lui céder le passage. Ils continuent ce jeu pendant quelques minutes, mais Stefan finit par céder à la stimulation de cette chair trop resserrée. Il rejoint Nathalie dans ses soupirs saccadés et la pression se décharge dans une onde de plaisir et de sperme dont il remplit le cul de sa femme.
Déployant ce qui lui reste de forces, il évide de justesse de s’écrouler sur Nathalie. Usant de toute sa volonté, il oblige ses bras à tenir, le temps qu’il faut pour se retirer, tout doucement. Puis, il s’effondre à côté d’elle. À peine capable de bouger, il arrive pourtant à se retourner sur le dos, et c’est dans cette position-là, tout près de la femme haletante, qu’il attend que sa respiration se calme. Une dernière goutte de sperme sort de son gland et se perd dans les plis du prépuce. Ses yeux se ferment et ses muscles se détendent, mais Nathalie ne veut pas encore le laisser s’enfuir vers le sommeil. Il la sent remuer à côté, se retourner, se redresser. Ses mains cherchent sa peau, et la comblent de tendresse. Elle lève sa jambe et s’assoit sur son bassin. La plus grande partie de son poids repose sur ses cuisses dont elle sent vibrer les muscles dans la force d’une étreinte qui entrave l’amant. Elle avance vers la tête. Arrivée sur le ventre, elle se baisse pour l’embrasser sur la bouche, toujours sans rien dire. Puis, elle reprend le mouvement, passant au-dessus du thorax, et se hissant légèrement pour pouvoir surmonter l’obstacle du menton. Ses poils le chatouillent. Son odeur l’envahit quand elle glisse sur ses lèvres. Il tire sa langue pour attraper un peu de son liquide au passage, mais elle continue son progrès. Stefan a le nez enfoui dans la touffe humide et odorante, et c’est en la sentant du plus près qu’il finit par se rendre compte de ce qu’elle veut. Elle place son anus au-dessus de la bouche ouverte et une légère pression donne le signal : elle est prête et elle l’attend. Il embrasse l’endroit où lui-même vient d’ouvrir un passage, Nathalie tire sur ses fesses pour les écarter au maximum et pour sentir une dernière fois les lèvres et la langue avides. Puis, coule le liquide dont Stefan vient de la remplir et qu’elle lui rend chargé de ses parfums les plus intimes. Elle l’entend siroter, gober, se remplir de ce qu’elle tient abondamment à sa disposition, et, emportée par une chaleur qui naît au fond de son bassin, elle porte ses mains sur ses lèvres secrètes, y glissant un doigt pour masser le bouton dur qui l’y attend. Elle sombre dans un deuxième orgasme, se jette en arrière, prise de spasmes, et glisse vers un sommeil qui a toutes les apparences d’un évanouissement.