Attiré par l’odeur luxuriante du sexe de Nathalie, Stefan se dirigea vers une forêt dont l’orée se présentait comme une toison de jais au-dessous de laquelle s’étendait une plaine blanche et soyeuse. Pressé d’y atteindre, il ralentit pourtant son progrès comme si ses doigts, près de commettre un acte sacrilège, hésitaient sur le seuil du sanctuaire. Doucement, en proie à l’horreur sacrée qui entoure les demeures des dieux, il avança vers le terrain où s’abritaient des charmes encore inconnus. Du bout des lèvres, il effleura quelques poils, y ramassant des molécules qui lui apportèrent une première idée du goût qui l’attendait plus loin. Suivant l’horizon sombre et prometteur qui s’étendait devant ses yeux et ses narines, il continua son parcours jusqu’à l’endroit où les jambes fermement serrées l’empêchèrent provisoirement de pousser plus loin son expédition. La bouche posée juste à la pointe du triangle, il se lança dans des frôlements satinés.
Nathalie sentit le souffle ardent du mâle augmenter une moiteur naissante. Ses flancs, serrés entre les bras de son amant, tels des entraves rayonnantes, furent secoués par des tremblements quand s’ébranlèrent les mains pour descendre lentement vers les régions inférieures, où l’assaut serait donné aux battants d’ivoire qui, fidèles gardiens, continuaient à interdire l’accès au sanctuaire. Absorbée par les susurrements de son corps en suspens, la femme attendait l’instant où l’envahisseur se glisserait entre ses cuisses pour les écarter dans une lutte qui verrait se mêler la force à la sensualité.
L’attente se prolongeait et, au lieu d’exécuter cette manœuvre pressentie, qui avait semblé si naturelle à Nathalie, Stefan fit diversion en déviant ses éclaireurs vers les fesses. En route, fouillant et s’enfouissant, ils sondèrent l’espace entre la chair et la couette pour mesurer le poids qu’ils seraient appelés à maîtriser sous peu. Une fois arrivés à destination, rebroussant chemin, ils se remirent en route sans délai, et une vague de chaleur submergea Nathalie, inéluctablement progressant vers le ventre, emportant jusqu’à la moindre trace de résistance sur son passage. Perchés sur le point culminant de la plaine ventrale, à l’ombre de collines opulentes, le terrain conquis s’étendait à perte de vue. Stefan, profitant de ses avantages, donna, d’un geste à peine perceptible, des ordres auxquels Nathalie se hâta d’obéir en se soulevant, en descendant de quelques millimètres vers la tête, toujours posée dans son sein, et dont elle sentait la dureté du crâne s’enfoncer plus avant dans une terre de volupté qu’arrosaient ses entrailles.
Le nez et la bouche enfouis dans les poils parfumés, Stefan s’accrochait au ventre palpitant. Sombrant dans une folie que nourrissaient le désir et la volupté, Nathalie cherchait à se faire consumer par la chaleur qui l’enveloppait de partout, et finit par écarter ses cuisses, cédant à ses propres envies et aux instances sans cesse renouvelées de Stefan. Celui-ci, attentif au moindre tremblement de sa proie, s’en rendit compte à l’instant même où les vibrations des muscles trahirent le mouvement. Ses doigts s’enfoncèrent dans le ravin entrouvert et plongèrent dans une chaleur humide qui en dit long sur l’état où se trouvait Nathalie. Elle se laissa ouvrir, docile, cédant devant l’assaut, tandis que Stefan, au fur et à mesure qu’il écartait ses cuisses, plongeait vers le centre d’un corps inondé par une sève bouillonnante et agité par des vibrations échappés à tout contrôle.
Les yeux grand ouverts il s’émerveilla à la vue des détails cachés. Il repéra les endroits où le passage de l’esthéticienne avait éliminé les poils et où les lèvres du sexe apparaissaient nues devant ses yeux émerveillés. Il vit l’orifice où luisait un liquide dont il allait déguster un premier échantillon dans quelques instants. Nathalie, une fois la barrière de ses jambes enfoncée, replia ses mollets comme pour délimiter le terrain qu’elle préparait à leur rencontre. Elle s’offrit à lui, à ses regards, à ses doigts, à sa langue, à sa verge, qu’elle avait senti passer le long de ses jambes. Stefan s’apprêta à entamer la dernière étape du voyage vers le centre de la chair. Faisant le tour du vagin, il passa le long de toutes les merveilles que Nathalie exhibait si généreusement après avoir succombé à cette première percée. Plusieurs fois, il choisit délibérément de prolonger le parcours en empruntant les passages vallonnés par les aines, une partie du corps féminin dont ses expériences lui avaient appris l’extrême sensibilité.
La sentant prête, il plongea encore un petit peu plus bas, et plaça les mains à gauche et à droite des lèvres extérieures, les écartant en tirant tout légèrement dessus, dans un effort presque hésitant. Il y mit à nu la chair violacée d’une huître exquise, où, après l’avoir embrassée de ses regards avides, il appliqua sa bouche, tout en bas, près de l’orifice dont les palpitations lui rappelèrent les contractions d’une blessure toute fraîche. Penchant la tête, il ramassa de lourdes gouttes d’un liquide dont la furie printanière d’un ruisseau de montagne venait d’asperger ses bords, avant de quitter, provisoirement, ce défilé réservé à des incursions ultérieures. Il se mit en route, prolongeant son ascension autant que possible, vers la cachette où se terrait le bouton d’où il allait faire éclore la fleur de son plaisir. Pour franchir cette étape suprême, il fallait la préparer et il assura sa prise sur les cuisses déjà plus qu’à moitié ouverte. Poussant d’une force mesurée mais continue, il réussit à baisser ses jambes encore davantage vers le blanc toujours immaculé des draps, en allégeant les douleurs que causaient de tels efforts à ses muscles et à ses tendons par des exercices incessants de sa langue qui continuait à couvrir de caresses humides et pénétrantes les moindres recoins de son corps. Palpant son sexe, il sonda le vagin en de profondes explorations, vérifiant de temps en temps sa dilatation en introduisant plusieurs doigts. Les muscles malmenés tremblèrent sous la pression qu’il y appliquait par doses s’adaptant aux différents degrés de plaisir et de douleur par lesquels il fallait la faire passer.
Secouée par une première vague de convulsions, Nathalie se débattait de plus en plus fort et Stefan devait faire de plus en plus d’efforts pour la tenir ouverte et accessible. Parfois, il se soulevait légèrement pour la regarder. Elle avait les yeux fermés et ses lèvres bougeaient comme si elle était en train de réciter des incantations. Ses doigts étaient occupés à frotter les bouts de ses seins. Puis, se rendant compte de ce qu’il la regardait, le dévisageant à travers le rideau de ses cils, elle l’adressa d’une voix rauque, teinte du noir de la suie par des passages répétés à travers des cavernes en flamme :
« Tu vas me faire jouir si tu continues ainsi !
– Alors, tu veux que j’arrête ?
– NON ! Mais je vais sûrement m’endormir – après.
– C’est ce qu’on va voir… »
Elle referma les yeux et jeta sa tête en arrière, creusant une place où s’abriter au milieu de son oreiller, dans l’attente des secousses à venir. Stefan reprit sa position, sa tête couchée au creux du bas-ventre, mais cette fois-ci, il voua ses attentions à la partie supérieure du vagin. La bosse qu’il y avait déjà sentie auparavant était plus prononcée maintenant, et la fleur future qui s’y cachait ne demandait plus qu’à en sortir. Il allait lui faciliter la naissance en couvrant son repli d’une pluie de petits coups de langue, à peine sensibles, y consacrant un effort et une attention sans relâche. Puis, pour l’exciter davantage, il plaça son index juste devant l’orifice de son vagin, inondé par un liquide onctueux que les contractions faisaient sortir d’elle en abondance. Exerçant rien qu’une pression minimale, il glissa à travers un vestige de résistance, opposée à son intrusion non par une volonté active mais par la seule inertie de la matière. Elle fut pénétrée. Les muscles, qui non seulement ne lui opposèrent plus aucune résistance, l’accueillirent carrément en l’enfermant entre leurs parois visqueux mais fermes. Tout le long de cette opération délicate, Stefan continuait à titiller le capuchon dont la peau se retirait doucement. Quand il sentit le clitoris enfin sortir timidement de dessous son abri pour s’offrir à l’avidité insistante qui avait fini par le débusquer, il chercha à rendre ces mouvements encore plus doux pour ne pas effrayer ce minuscule bout de chair qui s’épanouissait sous ses caresses. Stefan y colla sa bouche, faisant tourner sa langue dans un rythme qui s’adaptait aux palpitations du corps en chaleur.
Pendant qu’il concentrait ainsi tous ses efforts sur un point unique qui rayonnait ardent dans l’univers noirci de Nathalie, son doigt entamait un va-et-vient régulier qui le propulsait vers d’intarissables réservoirs. Dans un premier temps, une fois le passage forcé, le cercle des muscles s’était dilaté. Maintenant, en réponse à ses poussées de plus en plus profondes, il se resserra autour du corps étranger. Stefan, excité par l’effet qu’il se vit exercer sur Nathalie, arrêta tout mouvement, appuya le bout de sa langue contre la boule vibrante où se ramassaient les restes de sa conscience, et poussa, très légèrement mais sans lâcher sa proie. Il ne bougeait plus, la langue collée contre elle, à l’unisson avec les vagues qui gonflaient de sang la chair qui se jetait à l’encontre de la sienne.
Elle se tordait, jetant sa tête violemment d’un côté à l’autre, ses mains cherchant quoi que ce soit pour s’y accrocher. Sa bouche était restée ouverte et elle poussait, d’une voix douce pourtant, des cris prolongés. Son ventre palpitait, les muscles vaginaux se contractaient sur la verge digitale qui avait pourtant cessé de bouger, et elle tressaillait sous le bout de cette langue qui la tenait prisonnière. Stefan la sentit submergée par les vagues des orgasmes successifs, mais il refusait de la lâcher. Elle dut lui crier dessus pour qu’enfin il se retirât. Haletant, il se coucha, à côté d’elle, et enlaça son corps couvert de sueur.
L’essoufflement obligea Nathalie à garder sa position, mais dès qu’elle eut récupéré quelques forces, elle rejeta le drap et se libéra de l’étreinte de son amant.
« Tu vas me faire crever de chaud », lui lança-t-elle.
Couché sur le côté, sa tête appuyée sur un bras, Stefan la contemplait. Il ne manqua pas de remarquer l’expression de ses yeux où scintillait un sourire tendre qui franchissait l’abîme que Nathalie venait d’ouvrir entre eux en prenant la fuite devant la chaleur devenue insupportable du corps de Stefan contre le sien, surchauffé par la série d’orgasmes qu’elle venait de subir. Elle était couchée sur le dos, les bras et les jambes légèrement écartés pour exposer à l’air une plus grande surface de sa peau. Les yeux fermés, elle prenait de grandes bouffées d’air. Elle devait encore ménager ses forces et évitait de parler, mais ses lèvres, légèrement ouvertes, dessinaient un sourire. Au bout d’un petit moment, son souffle reprit une mesure plus régulière. Sa main chercha celle de Stefan, et, guidée par la gravitation du corps qui reposait à côté du sien, elle ne mit que quelques instants à la trouver.
« Je t’aime », dit-elle, d’une voix où la tendresse se mêlait à une fatigue délicieuse dont elle se sentit pénétrée, jusque dans le dernier recoin de son être.
« Je t’aime aussi, Nathalie »
Le silence entre eux exprimait mieux que des paroles ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Ils s’étaient rencontrés, loin de tout ce qui les liait, libres de toute entrave, tels des êtres absolus, pour se fondre l’un dans l’autre. Enfin, ils avaient pu suivre physiquement leurs âmes qui s’étaient servies depuis longtemps des ondes et des fils chargés d’électricité pour se retrouver et se balader à travers un monde rempli de discussions interminables, de tendresse, d’aventures et d’amour. Suivant cet exemple, les corps venaient de fusionner dans un tourbillon d’énergie.
La chaleur, libérée par la violence de leur fusion, ne se dissipait que lentement. D’un accord tacite, ils avaient résolu de profiter du spectacle par tous les sens. La lumière était donc restée allumée, et ses rayons, en les enveloppant, faisaient briller la mince couche de sueur dont ils étaient recouverts. Nathalie dégageait une clarté éblouissante, soulignée par le noir de quelques poils que les étreintes avaient laissé collés sur son ventre et sa poitrine. Stefan sentit l’appel renouvelé de sa peau, attiré par un courant qui s’établissait entre eux. Libérant sa main de la sienne, il caressa son bras, suivant le jeu des tendons qu’il sentait sous sa peau et qu’elle fit jouer en agitant légèrement sa main. Il voulut voir ses yeux et se dressa. Elle les gardait fermés. À défaut de pouvoir enchaîner son regard au sien, il la dévisagea longuement et attisa son appétit d’elle en se remplissant des détails d’un corps qu’elle venait de lui offrir et dont il allait redemander encore et encore. Tant qu’ils avaient été séparés, ils s’étaient servis de la parole pour se caresser, se réconforter, voire s’allumer. Rien qu’en se parlant, qu’en se susurrant des mots chargés de leur envie et de leurs désirs, ils avaient réussi à se faire jouir. Depuis qu’ils s’étaient rejoints, les mots avaient été remplacés par les gestes, et un baiser tendrement posé sur un bout de sein valait bien un « Je t’aime ».
La fatigue qui avait pris possession de Nathalie à la suite des orgasmes se dissipait doucement. La chaleur presque insupportable cédait la place au bien-être que faisaient naître les doigts de Stefan effleurant sa peau. Se tournant vers lui, elle ouvrit les yeux, avança sa tête près de la sienne et posa ses lèvres sur sa bouche.