Michael ne trouva pas de mots pour répondre. Il avança sa tête pour recevoir la bise et serra une dernière fois la main qu’il avait gardée dans la sienne. Nathalie lui sourit, tourna pour ouvrir la porte, et sortit dans la rue où elle fut emportée par la foule qui l’entoura de son anonymat avant de l’engloutir. Michael n’osa pas sortir tout de suite. Il appela le garçon et se fit apporter un demi. Il le but à petits traits, et songea à l’histoire de Stefan et de Nathalie. Quand il eut enfin vidé son verre, il paya, en augmentant le montant de l’addition d’un pourboire considérable, et sortit à son tour. La journée était bien avancée et l’obscurité s’amassait au-dessus des toits. Les nuages bas semblaient peser encore davantage sur la ville, et les gens s’en trouvaient encore rapetissés. Michael traversa la rue et prit la direction de Notre-Dame. Il se plaça en face du portail, endroit d’où il pouvait apprécier la masse de cette cathédrale, et en même temps son élégance qui semblait lutter contre le poids des pierres pour soustraire ce bâtiment énorme aux lois de la pesanteur. De son regard, il embrassa toute l’étendue latérale de l’église. Ensuite, les yeux grand ouverts, Michael se sentit monter le long des murs, grimpant au-dessus des gâbles et des galeries, côtoyant, pendant quelques instants, les rois d’Israël, montant encore, au-dessus des essaims d’oiseaux qui circulaient à mi-hauteur des tours. Propulsé le long des toits, il se perdit au-delà, aux franges d’une immensité sans bornes qui commençait tout juste derrière ces nuages qui pouvaient peut-être bloquer son regard, mais qui étaient transparents devant son imagination. Derrière, s’étendit le bleu foncé du ciel nocturne, l’espace parsemé d’étoiles, brillant au-dessus de Paris, attendant les voyageurs imprudents des siècles à venir.
« Au revoir, Stefan … Au revoir, Nathalie …»
Michael rentra à l’hôtel, la tête encore pleine du récit des amants de Paris.